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Le Rugby vu par Daniel Herrero

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Le Rugby vu par Daniel Herrero Empty Le Rugby vu par Daniel Herrero

Message  Léna Dim 18 Sep - 11:49

Daniel Herrero est un maître à penser en ce qui concerne le Rugby.
Au fil de ce sujet vont se succéder des définitions bien à lui -mais tellement vraies- de termes appartenant au monde du Rugby.

Je commencerai par L'Adversaire:
"L’idéal du rugby affirme que se mesurer à l'autre fait grandir. L'autre, qui chez nous a 15 têtes, 30 bras et 30 jambes, est un partenaire avec qui l'on se construit dans l'affrontement. Mais, au rugby, la limite entre adversaire et ennemi est fragile. Notre vocabulaire aime jouer avec les mots de la guerre: Dépecer, découper en tranches, réduire en bouillie, faire de la chair à pâté, détruire, broyer, écraser, et tant d'autres. 'Se construire ensemble' vraiment..? Fort heureusement, ce ne sont que des mots qui entrent dans l'ordre du fantasme. Le rugby est un combat mais c'est avant tout un sport avec ses règles. Au rugby, pour combattre, on est obligés de se dénigrer mutuellement. Concrètement, ça se traduit par une tendance névrotique à la diabolisation de l'adversaire. Mais, dès que le match est fini, il est à nouveau un type sympa avec qui l'on va boire des coups au club-house. La vérité, c'est que l'adversaire nous ressemble terriblement".


La semaine prochaine "Bourrichon"

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Message  Léna Ven 23 Sep - 11:20

Hola,

Bourrichon va peut-être vous sembler plus anecdotique mais c'est sans doute parce qu'il est plus abstrait et peu utilisé dans le langage courant.

Se montrer Bourrichon -nous dit Daniel Herrero- c'est remplir sa bourriche, le panier qui nous sert de tête, d'une motivation excessive, au risque de perdre son discernement. Certains entraîneurs et joueurs de Rugby ont tendance à rechercher les états de transe avant les matchs, comme si avoir la bave aux lèvres et les yeux injectés de sang préparaient mieux à l'affrontement. En Ovalie, on ne plaisante pas avec la virilité, l'orgueil et la bravoure, le bourrichon des protagonistes n'est pas difficile à chauffer... Il suffit d'insinuer que quelqu'un-d'en-face-aurait-dit-que-notre-maillot-est-moche, et voilà 15 gars pourtant normalement constitués qui se tapent la tête contre les murs et qui jurent de dépecer l'équipe adverse et de mourir ensemble sur le pré.

Quoi qu'on en dise, se montrer le bourrichon est simplement un prétexte pour vérifier les ressources morales des joueurs. Concentrés sur leur jeu, sûres de leur forces et sereines dans l'adversité, les grandes équipes se montrent rarement le bourrichon, et les masques belliqueux résistent mal à la réalité du terrain. D'ici à penser que cette poussée de fièvre est l'arme des faibles...


La fois prochaine Le Couloir

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Message  Léna Jeu 29 Sep - 17:51

Hola,
celui-ci c'est un des plus puissants. On ne peux s’empêcher de penser à notre antre.

Le Couloir

"Dernière envie de pisser, de serrer contre soi un partenaire poisseux de vaseline, de se marteler les épaules à coups de poing. Chacun refait les même gestes, qui semblent revêtir chaque dimanche une importance capitale: Vérifier ses lacets, arranger le col de son maillot, écouter une dernière consigne, un dernier encouragement.
Il est 15 heure, l'arbitre vient d'appeler les deux équipes et le monde soudain s'arrête. Sans quitter ses gars du regard, l’entraîneur entrouvre la porte du vestiaire comme on soulève le couvercle d'une Cocotte-Minute. L'odeur chaude se dissipe dans l'air frais du couloir. D'ici, on entend la clameur des spectateur impatients d'assister à l'entrée en piste des acteurs du jour qui portent à ce moment là, toutes les espérances du village, de la ville ou du pays.
En colonne les joueurs sortent de l'antre intime, reçoivent une tape de l’entraîneur sur la nuque ou sur les fesses. Le jeune ailier pour la première fois titulaire a les yeux rouges, le capitaine ouvre la marche.
Les adversaires sont maintenant à quelques centimètres. On a toujours l'impression que les autres ont moins peur... Pourtant, leurs entrailles doivent frémir de la même manière.
Le couloir, c'est ce chemin tracé au coeur du Stade qui conduit des vestiaires à la lumière. L’atmosphère qui l'entoure le rend toujours sombre et froid. Passage long et étroit, il est la dernière distance à parcourir avant cet instant qui obnubile 30 bonhommes en demi-transe : Le coup d'envoi. Ce couloir est pour chacun une parenthèse de solitude entre l’intense cohésion des vestiaires et le verdict du pré.
Il suffira d’une petite étincelle pour que l’énergie contenue se transforme en un hurlement de bête. L'arbitre allume la mèche en intimant aux joueurs d'entrer sur le terrain. Les joueurs jaillissent du couloir et la foule s'enflamme.
Dans 80 minutes les corps meurtris emprunteront le couloir en sens inverse et redeviendront des hommes comme les autres".


Prochainement, "Coup d'envoi".



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Message  Léna Ven 7 Oct - 12:31

Ce jourd'hui, Le coup d'envoi

"Un passionné de rugby ne manquerais pour rien au monde le coup d'envoi d'un match, qui donne la température et annonce la couleur. Voilà notre homme qui court dans l'allée menant au stade. C'est horrible, il est sans doute entrain de louper l’échauffement des joueurs, ou peut-être... le coup d'envoi! Non, il n'ose pas y penser. Ce serait comme trouver une mouche dans son banana Split, comme faire une tache sur sa belle chemise blanche avant la noce (ndlr. la tristitude). Il a un caillou dans sa chaussure, son écharpe lui engonce le cou, sa casquette tombe mollement sur son front, mais tant pis, il court encore!
Ça y est, notre amateur trouve sa place. Il n'a pas le temps de reprendre son souffle, ça va commencer. Tension maximale, les joueurs trépignent comme des fauves en cage.
Le coup de sifflet, sonore, long et strident annonce nerveusement le début des hostilités entre trente hommes qui n'attendent que ce signal pour exploser! Au coup de sifflet, répond immédiatement le coup de pied. Les hommes se déchaînent, tendant leurs mains avides, se jetant tout entier dans la cohue pour conquérir la balle, qui ne leur promet jamais rien. En lévitation au dessus de leurs têtes, elle s'entoure d'une aura céleste, comme insensible aux supplications des fidèles en transe. Son vol suspend le temps dans le stade en ébullition.
La loi de la gravité fini par l'emporter, et la chose divine qui flottait en l'air se charge de l'électricité ambiante. Elle s'offre alors à la canopée des mains ouvertes, et résonne alors le son rauque des premiers chocs. La suite est une autre histoire..."


La fois prochaine : L'entame.

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Message  Léna Jeu 13 Oct - 11:22

Hola,

"L'entame est bien plus qu'un round d'observation, elle est un thermomètre, un indicateur essentiel de l'état d'esprit qui règne sur la rencontre. On ne lis pas une entame comme une simple succession d'actions, il faut savoir décrypter le sens des gestes, entendre la mélodie qui naît sous le brouhaha, repérer la stratégie derrière l’immédiateté des chocs.
L'entame à une multitude de visages: 'Sauvage', elle est à la limite de la violence délibérée, les coups sont donnés pour faire mal, le jeu est réduit au pur combat. La passe devient un luxe, le sourire une aberration. Sur l'échelle des entames, après 'sauvage' on passe à 'raide', ou 'copieuse'; viennent ensuite 'sérieuse' puis 'propre', suivies d''enlevée' et d''alerte'. Quand on arrive à 'pétillante', le jeu est varié, mouvementé, avec juste ce qu'il faut de gaz dans les bouchons pour ravir les spectateurs. Enfin, l'entame 'raffinée' nous laisse apprécié le jeu débarrassé de ses relents malsains de méchanceté gratuite: le plaquage est un arrêt, la passe un cadeau, la combinaison, une chorégraphie sophistiquée et gracieuse. Les maillots flamboient, les crampons brillent, le sifflet muet et l'arbitre invisible. C'est beau.
A l’extrémité du spectre, il y a l''entame de merde', un début de match vidé de sa passion, amorphe, mutique. Incolore, inodore et sans saveur. Sans désir, le rugby ne rime plus à rien".



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La semaine proochaine : Agen
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Message  Léna Jeu 20 Oct - 11:18

Agen

"Toulouse, Bordeaux et Paris furent longtemps les centres névralgiques du pouvoir rugbystique français. Lassé de ce monopole, Agen lança en 1968 une audacieuse offensive et s'empara, par l'intermédiaire de Ferrasse et Basquet, des leviers de commande du rugby français. Ces deux gros amateurs de chasse et de bonne boustifaille dirigèrent la Fédération pendant presque 30 ans. Dissidents, s'abstenir! Si vous êtes contre eux, vous êtes mort. Le pouvoir est une drogue qui altère souvent la lucidité de celui qui y goûte.
Au delà de ça, Agen est aussi l'un des plus beaux clubs de France, et constitue une inépuisable mine de talents qui a donné au rugby français une foule d'immenses joueurs, dont Dubroca, Berbizier et Benazzi. Trois capitaines tricolores en 10ans, record de France.
Depuis le titre de 1962, Agen n'a jamais quitté le haut du panier et remporta à deux reprises le Bouclier de Brennus. Malgré les relations incestueuses qu'elle entretenait avec la Fédération, cette équipe d'Agen était par bien des aspects admirable. Elle pratiquait un rugby de toute beauté, complet et très élaboré.
Mal à l'aise avec les nouvelles contraintes de professionnalisme, le club n'a jamais su se départir de cette image du fleuron du rugby passé. Malgré ses efforts, Agen à même quitté l'élite en 2006 pour sombrer dans ce qu'il convient d'appeler la seconde division. Pour Agen, l'air du temps souffle plutôt à contre-courant, et la reconquête des cimes n'est pas pour demain la veille... Même si, au nom de son histoire, ce club sera toujours un locataire permanent de l’académie d'Ovalie"!


La semaine prochaine: Benazzi (Abdelatif)


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